Les premières olives
 
(article du Dauphiné Libéré du8 décembre 1998)
 
  
Pesées, inspections, négociations, le temps des marchés aux olives est revenu...
 
 
 

A Mirabel comme à Buis (tous deux « des Baronnies »), les marchés aux olives du samedi et du mercredi ont commencé à accueillir la plus traditionnelle et ancestrale des récoltes de la région. Une récolte qui s’annonce « Belle », encore que…

        Le jour vient à peine de se lever et malgré le froid piquant de ce petit matin de décembre qui fait couler les nez et engourdit les doigts, ils sont déjà une trentaine de producteurs à avoir installé leurs caisses d’olives sur la place de l’hôtel de ville de Mirabel aux Baronnies. Ils viennent de toute la région où cela fait déjà une bonne dizaine de jours que l’on a commencé à cueillir dans les oliveraies le fruit noir de l’arbre d’argent. Nous sommes le premier samedi de décembre et depuis des temps immémoriaux, c’est ce jour là que traditionnellement se déroule le premier marché aux olives de cette bourgade dont le maire Louis Chalon assure que c’est aussi le plus important de la zone de production d’olives A.O.C. du Nyonsais et des Baronnies.

        Un avis que ne partage absolument pas Jean Pierre Buix qui prétend lui que ce titre revient naturellement à la bonne cité dont il est le maire, Buis les Baronnies, dont le premier marché cette année s’était déroulé le mercredi précédent. « Tous les deux ont raison », certifie diplomatiquement Jean Guy Maniani, le négociant des établissements Mourier de Nyons qui était le seul présent sur les deux premiers marchés de l’année. « Il est clair qu'en début de saison, c'est le marché du samedi à Mirabel qui reçoit les plus gros tonnages d'une récolte précoce dans le Nyonsais, tandis que dés la fin décembre, c'est le marché du mercredi à Buis qui devient plus important avec la production tardive des Baronnies… » Dont acte… La querelle des marchés de l’olive n’a pas lieu d’être…

        Il est 08h30 exactement lorsque Jean Pierre Trouat, conseiller municipal et responsable du marché de Mirabel donne le signal de l’ouverture des négociations en soufflant dans une corne dont les échos anémiées sont emportées par un mistral sibérien. Et tandis que les employés municipaux pèsent minutieusement chaque lot, remettant aux producteurs leurs certificats de poids, les représentants de l’entreprise « Produit du Nyonsais – Brin de l'Olivier » font le tour des producteurs, le calepin à la main. Attentivement, la marchandise est examinée. Les fruits noirs gorgés d’une saveur inimitable, qui serviront pour l’essentiel à la préparation des « olives piquées », sont négligemment palpés. De concert avec le vendeur, les prix s’établissent sans grande évolution par rapport à l’année passée, entre 23 et 25 francs le kilos (certains lots, rares, se sont néanmoins négociés à 26 francs). En moins d’une demi-heure tout sera terminé et 2950 kilos d’olives, de celles qui ont la réputation d’être les meilleures du monde, auront changé de main.

        Les observateurs compétents sont pour l’instant d’accord pour penser que cette récolte 98/99 sera belle dans l’ensemble, tant en quantité qu’en qualité. Meilleure de toutes façons que celle de l’année passée qui avait été jugée décevante. Encore que rien n’est joué. Ces gelées précoces, si elles devaient persister, pourraient bien réduire la production d’olives de conserve sur les arbres particulièrement chargés dont le fruit n’est pas encore mure. Aujourd’hui chacun souhaite que le temps se réchauffe assez longtemps pour assurer la maturation de tous les arbres. Alors on pourra vraiment parler de « Belle récolte ».

        Rappelons les chiffres de production pour les trois dernières années dans la zone A.O.C. du Nyonsais-Baronnies qui regroupe 80 000 arbres et 480 hectares sur le territoire de 57 communes. En 1995/1996 : 268 tonnes d’olives de conserve et 91 tonnes d’huile. En 1996/1997 : 288 tonnes d’olives de conserve et 122 tonnes d’huile. En 1997/1998 : 187 tonnes d’olives de conserve et 80 tonnes d’huile. A la coopérative du Nyonsais on espère bien que la nouvelle récolte sera suffisamment importante pour permettre la reconstitution de stocks qui, chaque année s’amenuisant, provoquent des ruptures en particulier en huile.

         Alain BOSMANS