Les chiens aboient, et les officiels passent...
 

(article du Dauphiné Libéré du 5 avril 1999)
 


Marc Paganel, sous préfet de Nyons a visité le chenil en compagnie de Valéry Geslin

Les aboiements des chiens du refuge de la S.P.A. de Piégon, sont-ils à ce point nuisants pour ses voisins… ? La question alimente un conflit de voisinage récurent que le sous préfet de Nyons souhaite désamorcer en se mettant à l’écoute des uns et des autres.

        Il s’agit d’un conflit de voisinage autour de l’asile pour chiens de la « Société Protectrice des Animaux de Nyons-Vaison » situé à Piégon (1). Un conflit qui dure, qui perdure, qui s’envenime et qui finit par embarrasser tout le monde à commencer par l’autorité administrative de tutelle : la sous préfecture de Nyons. Le chenil de Piégon est l’une des quatre S.P.A. de la Drôme (avec Valence, Montélimard et Pierrelatte) et nul ne conteste le rôle et l’intérêt que représente les services qu’il rend à la région : 14 communes environnantes l’utilisent comme fourrière et de 60 à 80 chiens abandonnés y séjournent en moyenne chaque année.

        Il est géré par une association loi de 1901, présidée par Valéry Geslin, qui compte 250 adhérents dans le sud de la Drôme et le Nord Vaucluse, cinq bénévoles actifs et une salariée, Sylvie Leblond, la gardienne qui réside sur place. L’établissement a été créé officiellement en 1954. En 1970 le refuge se développe et la S.P.A. devient propriétaire des lieux. En 1984, quelques plaintes du voisinage sont déjà enregistrées. Le site est alors agrandi, (il a aujourd’hui une capacité de 30 chiens même si le nombre de pensionnaires ne dépasse habituellement pas les 20, sauf l’été…), entièrement grillagé, on en profite alors pour l’entourer d’arbustes et de pins dans l’espoir qu’ils atténueront la propagation des aboiements.

        Car, un chien, c’est bien normal, cela aboie… Et même si le chenil semble assez isolé (il n’y a effectivement aucun logement à moins de 150 mètres) les voisins se mobilisent régulièrement pour exprimer leur mécontentement de cette proximité et demande que cessent ce qu’ils considèrent comme « des nuisances sonores intolérables ». Depuis 15 ans, les plaintes sont récurantes et il est fait appel régulièrement aux différentes autorités compétentes en la matière. La Direction des Services Vétérinaires (D.S.V.), la D.D.A.S., la gendarmerie, chacun y va de son constat, de son rapport. En 1997, les voisins s'organisent et radicalisent leur pression. Une pétition soutenue par le maire Georges Serret recueille une cinquantaine de signatures émanant d’une quinzaine de maisons se trouvant dans un cercle de 150 à 200 mètres de rayon. A la demande de la sous préfecture de Nyons dont dépend le chenil (le maire n’ayant aucun pouvoir de police sur ce genre d'établissement) il est fait appel en septembre 98 à un expert acousticien qui effectue des enregistrements pendant 48 heures. Ses conclusions sont sans ambiguïtés : « Les bruits en provenance du refuge ne peuvent être considérés comme des nuisances sonores » peut-on lire dans le rapport très officiel qui est alors remis à la mairie de Piégon et à la sous préfecture de Nyons. Les plaignants ne désarment pas pour autant. Georges Serret souligne « que les nuisances sont beaucoup plus nombreuses l’été que lors de l’enregistrement réalisé par l’expert, qu’il est difficile de définir la frontière entre un bruit normal et une nuisance sonore, que cette perception est éminemment subjective et qu’elle doit être évaluée dans le temps et pas seulement dans l’espace… ». En face Valérie Geslin, présidente de la S.P.A., continue de penser que « ces plaintes sont absolument incompréhensibles et sans fondement… »

        Alors pour en avoir le cœur net, le nouveau sous préfet de Nyons qui hérite de ce dossier en janvier de cette année, décide d’y aller voir sur place lui-même, « Parce qu'un tel conflit ne peut pas se régler seulement au vu d'un rapport ou au téléphone ». Vendredi 2 avril donc, Marc Paganel se rendait au chenil de Piégon qu’il visitait en compagnie de Valérie Geslin avant de rencontrer le maire Georges Serret. Ce dernier ne semblait pas très optimiste pour les plaignants à l’issue de cet entretient. « Nous allons réunir les pétitionnaires et nous adresserons une lettre au préfet de la Drôme pour regretter qu’une voie de conciliation n’aie put être ouverte… »

        A Nyons on laisse entendre que le sous préfet se donne le temps de la réflexion… Histoire probablement de ne pas dire plus fort que tout ceci semble faire «beaucoup de bruit pour rien »

        Alain BOSMANS

(1) La S.P.A. de Piégon recherchent en permanence des volontaires pour adopter les chiens qu’on lui confie. Le chenil est ouvert à la visite tous les jours de 14h00 à 16h00 sauf dimanches et fêtes. Tel : 04 75 27 11 98.