Le "Théâtre-Ecole" monte sur les planches pour la première fois
 
(Article du Dauphiné Libéré du 15 juillet 1999)
 
   
Serge Pauthe dirige les répétitions dans les jardins de l'Hotel de Ville

 

«Le  Théâtre-école de la Lance et des Baronnies » présentera le vendredi 16 et samedi 17 juillet à 21 heures dans les jardins de la Mairie deux pièces du grand auteur satirique grec Aristophane. La représentation de « Lysistrata » et « La paix » sera une première pour la jeune troupe buxoise.
 

        Les deux soirées, organisées sous l’égide de la Municipalité de Buis les Baronnies, couronneront une belle aventure qui commença voilà deux ans avec la représentation du spectacle « Percipia », pièce historique écrite par Suzanne Buix, jouée à Poët en Percip durant l’été 97. A l’issue de cette représentation qui connut, on s’en souvient, un fort retentissement, plusieurs participants souhaitèrent continuer à s’investir dans une action théâtrale permanente. En avril 98, sous l’impulsion de Danielle Beauvillain, deux cours par semaine sont animés par Serge Pauthe, metteur en scène-comédien et Laurent Lovie, comédien-musicien, deux professionnels du théâtre qui travaillent à la compagnie « Théâtre Midi Juste » de Valréas. La municipalité mettait le cinéma de Buis à la disposition du théâtre-école et rapidement 11 adultes et 16 adolescents participèrent aux travaux portant sur la concentration et la recherche d’expression à partir de courts poèmes.

        Depuis octobre 98 une véritable troupe d’une vingtaine de membres s’est constituée autour des deux professionnels, participant avec une grande régularité aux cours de théâtre qui se tiennent désormais 3 fois par semaine dans la salle d’activités de l’école maternelle, tant pour les adolescents que pour les adultes. L’ambition du théâtre-école est de transmettre la passion du théâtre aux habitants du canton et ce, quels que soient leurs ages. Dans cette perspective, l’ouverture de nouveaux cours et stages est envisagée ainsi que l’association avec de nouveaux partenaires et collaborations dans le but de diversifier les interventions artistiques et de multiplier les actions culturelles dans toutes les Baronnies. Pour lors les acteurs, décorateur, costumier, metteur en scène et responsable de régie sont sur la brèche tous les soirs afin de mettre la dernière main aux deux représentations de cette fin de semaine.

        Les deux pièces d’Aristophane trouvent leurs origines dans les guerres incessantes que se livrent les deux plus grandes villes de la Grèce Antique. Serge Pauthe, qui en a assuré la libre adaptation et la mise en scène, ne manque pas d’arguments pour affirmer que le théâtre grec est toujours vivant et combien les grands auteurs de l’antiquité sont proches de nous : « Aristophane n’a pas manié la langue de bois… Il trouve son énergie créatrice en se plongeant dans la matière plutôt que dans l’esprit. Il est dans la cuve du vigneron, sur les trottoirs défoncés des quartiers du petit peuple. Il est parmi les pauvres, ceux qui payent au prix fort le tribut de la guerre. Il sait chanter leurs joies et leurs peines. Et la langue qu’il manie est une langue broussailleuse, éructante, désordonnées, sans lyrisme ampoulé ».

        Gageons qu’en cette fin de semaine, ils seront nombreux les Buxois et leurs amis de passage à venir l’écouter, cette langue d’Aristophane, dans les jardins de la mairie, s’exprimer par la bouche des 16 bateleurs du « Théâtre-Ecole de la Lance et des Baronnies ». (participation aux frais 30 F)

         Alain BOSMANS
 
Aristophane sous les tilleuls
(Article du Dauphiné Libéré du 19 juillet 1999)
 
 
  
Des comédiens amateurs au sens où l’entendait Beaumarchais, c’est à dire ceux qui aiment le théâtre.
 
        Les comédiens de la jeune troupe de « Théâtre-Ecole de la Lance et des Baronnies » auront tenu parole. Les deux représentations qu’ils ont données vendredi et samedi dernier sous les ombrages des jardins de la mairie de Buis auront offert de vrais moments de bonheur aux passionnés de théâtre. Ils sont 16, ils sont amateurs au sens où l’entendait Beaumarchais, précise Serge Pauthe, le metteur en scène professionnel qui les a réunis, c’est à dire « ceux qui aiment le théâtre ». Ce qui ne retire rien à leur talent bien au contraire. Le spectacle qu’ils ont présenté est le résultat de 14 mois de travail à raison de deux répétitions par semaine. Il s’agissait de deux comédies d’Aristophane, le grand auteur satirique de la Grèce antique, choisies précisément pour attester que le théâtre n’a pas d’age et que les thèmes éternels qu’il véhicule sont bien toujours vivants.

        Théâtre de plein air, servi sous les frondaisons des arbres du jardin municipal, les deux représentations firent le plein des places disponibles autour d’un agencement de scènes minimum permettant une mise en scène vivante. Les Dieux descendent du ciel de l’Olympe par un podium en escalier tandis que les hommes et de monstrueux scarabées qu’ils chevauchent sortent de terre par un plan incliné métallique pour se retrouver sur les planches du plateau central. Théâtre antique, sans doute si l’on songe qu’il fut écrit voilà 24 siècles, mais théâtre d’une saisissante actualité par le thème abordé par les deux pièces : La guerre et la Paix. Théâtre grec, sans doute mais d’une étonnante modernité qui utilise une langue très crue, sans fioriture, qui s’adresse aux pauvres, aux agriculteurs, aux travailleurs, un théâtre de l’instant que Serge Pauthe a su astucieusement recadrer dans notre paysage à nous. Et c’est sans surprise qu’avec l’aide d’Hermes, la déesse de La Paix sera délivrée et ramenée sur terre par une délégation du canton de Buis les Baronnies (pays du tilleul, de l’olive, de la lavande… et de la vigne !) représenté par un vigneron, une mercière, une potière et un agent de la D.D.E…

        Oui c’est un théâtre bien vivant que nous a offert les 16 comédiens « amateurs » du Théâtre-Ecole de la Lance et des Baronnies patiemment conseillés et dirigés par Laurent Lovie et Serge Pauthe. Que ceux qui n’auront pas eu la chance de pouvoir assister à l’une de ces deux représentations à Buis se rassurent ! Rien n’est perdu ! La troupe sera le 30 juillet à 21 heures à Faucon pour la fête votive et le 15 août à 18h30 pour la fête de la Résistance de Venterol.

 

            Alain BOSMANS