Olives: Ca vibre dans les vergers
(Article du Dauphiné Libéré du 25 décembre 2000)

Le ban de l'olivaison dans la zone AOC a été déclaré ouvert le 13 novembre. Depuis cette date, quelques 1200 producteurs d'olives s'activent à la récolte des fruits noirs et gorgés d'huile sur les quelques 220 000 arbres d'argent que l'on comptent sur les 57 communes des Baronnies.

Dans le quartier des " Ecluses " sur les hauteurs de Buis les Baronnies, accrochés aux pentes escarpées du massif " Sans Regret ", une intense activité règne dans les vergers d'oliviers ancestraux. La récolte des olives destinées à la fabrication de l'huile a débuté cette année très tôt, voilà déjà un mois. Celle des olives destinées à la conserve est plus tardive et c'est en ce moment qu'elle bat son plein.


Alain Sauvayre examine en expert la maturité de ses chères olives

Alain Sauvayre, exploitant agricole à La Roche, administrateur de la Coopérative de Nyons, administrateur au Syndicat interprofessionnel de La Tanche et expert passionné en sciences olicoles y passe ses journées. Avec son épouse et son fils, il y fait vibrer quotidiennement les vergers… Il faut dire en effet que la technique de récolte de l'olive dans les Baronnies a sensiblement évoluée depuis 50 ans.


La récolte se fait encore souvent avec échelles et paniers...

Pendant des siècles, des millénaires même (tant la culture de l'olive dans cette région est ancienne), la cueillette s'exécutait à la main avec échelles et paniers. On dit que c'est Aimée Reynier (le père de Thérèse Reynier du Buis) qui le premier, au début des années 60, eu l'idée d'utiliser des vieux parachutes de surplus militaire américain et de les placer au pied des arbres pour en récupérer les fruits tombés après en avoir secoué les branches à la main.


comme dans le bon vieux temps...

Puis venant d'Italie (où cette technique existait déjà depuis quelques temps), les filets plastiques ont fait leur apparition dans les Baronnies vers 1980. Placé à même le sol sur un tapis herbeux ou légèrement suspendu, le filet plastique recueille les olives qui sont alors ratissées des branches à l'aide d'un gros peigne ou d'une sorte de pince spécifique.


On utilise aussi une sorte de pince qui décroche les olives...

Enfin, l'utilisation récente de " vibreurs " portatifs permet (toujours avec des filets plastiques au sol) de décrocher les fruits noirs en secouant mécaniquement les branches de l'arbre à raison d'une cadence de 1600 coups minutes. Certains vibreurs plus puissants (encore très peu répandu dans les Baronnies) utilisent cette technique pour faire vibrer non plus les branches, mais le tronc. L'objectif restant le même, faire tomber aisément et rapidement, comme à Gravelotte, la totalité des fruits noirs. (1)


Le vibreur entre en scène...

Comment se présente la récolte d'Olives dans les Baronnies cette année… ? De l'avis général, plutôt bien ! Christian Teulade, le directeur de la Coopérative de Nyons (qui représente à elle seule un peu plus de 50% du tonnage destiné à faire de l'huile et 35 à 40% de la production d'olives de table récoltées en zone d'Appellation Controlée) confirme que la qualité sera au rendez-vous cette année. Il n'y a pas eu de gel précoce (contrairement à l'année dernière, peut-être même pas suffisamment, mais les producteurs ne sont jamais content du temps, c'est bien connu !), et pour la conserve comme pour l'huile, on devrait obtenir une excellente A.O.C.


Les olives tombent comme à Gravelotte...

Question quantité c'est un peu moins brillant que ce que l'on pouvait prévoir. De l'ordre de 15 à 20% de moins. Les raisons en sont obscures : Les conditions météorologiques ont dut jouer, on parle d'un excès de sécheresse cet été… Mais surtout comme le fait remarquer Alain Sauvayre, il y a le fait que l'olivier est un arbre capricieux qui a tendance à moins produire une année sur deux ! Et voilà tout …


Les olives recueillies dans les filets doivent être séparés des quelques feuilles et écorces...

Les prix quant à eux étaient bons en début de saison (entre 21 et 25 francs). Et puis de façon inexplicable, ils se sont récemment effondrés… Peut-être à la suite d'un phénomène d'entente entre négociants. Seul un seul d'entre eux (" Marquolive " de Thores) étaient par exemple présent samedi dernier au marché de Mirabel où les lots se négocièrent tous en dessous de 20 Francs. " C'est incompréhensible ", souligne Christian Teulade. " Cette année encore, la production couvrira à peine la demande et nous aurons des stocks très serrés. Les prix ne devraient pas baisser dans ces conditions… " Il semble d'ailleurs qu'il ait été entendu, puisque mercredi dernier, au marché du Buis (ou près de 7 tonnes furent achetées !), les lots partirent entre 22 et 23 F. pour la première qualité.


Les filets sont étendus sur un sol herbeux pour éviter d'abimer l'olive dans sa chute...

Tout semble donc rentrer dans l'ordre. Globalement on estime à environ 1200 tonnes la production d'olives en Zone AOC des Baronnies pour cette année (la récolte se poursuit selon l'altitude des vergers jusqu'à la mi janvier). 240 tonnes constitueront la production d'olives de table destinées à la Conserve et 960 tonnes donneront environ 190 000 litres de l'une des meilleurs huiles d'olive du monde. Autant dire que ces jours-ci, avec ou sans filets, à la main ou mécaniquement, ça vibre inlassablement du matin au soir dans les vergers baronniards.


Ca vibre dans les vergers...

(1) Un vibreur mécanique portatif capable de secouer des branches jusqu'à 3 cm de diamètre au rythme de 1600 coups minutes représente pour l'agriculteur un investissement de l'ordre de 10 000 francs. A partir de 300 arbres, ce montant est rapidement amorti sur les économies de main d'oeuvre. Actuellement de 10 à 15% des producteurs l'utilisent dans les Baronnies. Ce nombre est en constante augmentation tous les ans. Renseignements complémentaires : Serge Coutton - Grande rue - Buis les Baronnies - 04 75 28 08 01.

Texte et Photos d' Alain Bosmans
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