Entretient avec le Président de la Communauté de communes

(Article du Dauphiné Libéré du 22 et de La Tribune du 31 octobrre 2002)

Michel Grégoire, ancien député de la circonscription, conseiller général du canton, Président de la Communauté de Communes et maire de La Roche sur le Buis fait le point sur les projets et dossiers en cours au Pays de Buis les Baronnies.

 

Le Tam-Tam : Alors que le paysage électoral est maintenant dégagé et libre d'échéances avant plusieurs années, quelles sont les perspectives qui s'ouvrent aujourd'hui à la Communauté de Communes du Pays de Buis les Baronnies ?
Michel Grégoire : Il est vrai qu'il est plus facile de travailler lorsqu'il y a du temps devant soi et que les prochaines échéances électorales sont éloignées. Dans les cinq ans à venir, ce sera donc l'occasion pour la Communauté de Communes et le canton, puisque leurs dossiers sont bien souvent liés, d'une nouvelle réflexion, d'un nouveau contrat qui devait permettre d'ouvrir de nouvelles perspectives à la résolution des problématiques qui nous sont posés. Cette nouvelle politique, nous souhaitons la mettre en œuvre autour de trois grands thèmes: L'environnement, la jeunesse et la solidarité.
Pour ce qui est de l'environnement nous comptons bien sûr poursuivre et renforcer le tri sélectif de la collecte des ordures ménagères. Le projet de mise en place d'une nouvelle déchetterie est également parmi nos toutes premières préoccupations, enfin l'élaboration d'un gros projet d'assainissement dans toutes nos communes et l'entretien des rives de nos rivières seront également poursuivis.
La politique vis à vis de la Jeunesse passera par la construction tant attendu depuis 2 ans du Gymnase à Buis les Baronnies, mais aussi dans la poursuite des différents Contrat "Enfance", "Temps Libre" et "Contrat d'Animation Rurale" en liaison avec la Mairie du Buis dont on connaît l'intérêt quelle porte à ces questions. Sans oublier le renforcement de l'intercommunalité autour des écoles qui aura permis notamment de réaliser depuis 5 ans divers travaux dans les différentes écoles du canton.
La solidarité sera engagée avec un renforcement de notre politique sociale qui sera étendue plus systématiquement sur le territoire afin de toucher de nouvelles populations, je pense en particulier aux personnes âgées dépendantes. La construction de logements sociaux sera également poursuivie avec le lancement d'une 5ème OPAH afin de faire face à la forte pression foncière.
Dans tous ces domaines notre action visera, dans la continuité, à améliorer l'impacte et la répartition géographique de nos projets afin de permettre à chacun d'en mieux profiter tout en conservant l'excellente ambiance de travail qui anime l'équipe des élus au sein des différents conseils et commission de la Communauté.


Michel Grégoire

:Le Tam-Tam : Les dossiers de mise en place de la nouvelle Déchetterie et du Gymnase ont fait l'objet de plusieurs contestation et opposition. Peux-t-on faire le point de ces deux projets ?
Michel Grégoire : En ce qui concerne la Déchetterie, nous avons perdu beaucoup de temps à chercher un terrain approprié. Une fois que nous l'avons eu, nous avons été mal conseillés par l'administration. Aujourd'hui il n'y a plus d'alternative! La situation actuelle est totalement inacceptable! Notre responsabilité est engagée! Il nous faut coûte que coûte créer cette déchetterie, là où elle est prévue d'être mise en place, sur la route de Cost. Une nouvelle procédure est en cours, elle visera à se mettre en conformité ave le PLU du Buis et à engager une procédure d'utilité publique afin de procéder le plus rapidement possible à la réalisation de ce projet pour lequel je le répète, il n'y a pas d'alternative.
Pour le Gymnase, je ne souhaite pas polémiquer avec quiconque. Je maintiens que le site envisagé du quartier de La Glacière est le seul qui soit propice à la réalisation de cet équipement scolaire et sportif. Le permis de construire a été finalement obtenu début octobre. Il reste à obtenir la Déclaration d'Utilité Publique (DUP) avant d'entrer, enfin, dans la phase de construction proprement dite. Je note simplement que les crédits pour la réalisation de ce projet sont disponibles depuis plus de deux ans et il est tout de même regrettable que sa réalisation en ait été ainsi retardée par un ensemble de vaines procédures.

Le Tam-Tam : Vous avez été député de la circonscription pendant cinq ans, le résultat des dernières élections ayant été ce qu'il a été, comment vit-on, à titre personnel, une telle expérience.
Michel Grégoire : Je voudrais tout d'abord dire que j'ai été très touché par le score que j'ai obtenu dans le canton du Buis et des différentes marques de sympathie qui se sont manifestées en cette occasion. La confiance intacte des habitants des Baronnies dont ils témoignent m'a beaucoup aidé à surmonter cette déconvenue. Ceci étant, j'ai toujours revendiqué l'idée que la politique n'était pas un métier mais un engagement et que, à ce titre, il est prévu, normal et c'est le jeu démocratique, que l'on puisse perdre un jour une élection. Alors aujourd'hui, même si l'échec est une épreuve qui change beaucoup de chose dans mon rythme de vie, je continue à me passionner pour l'action locale et je garde la même détermination pour continuer le combat que j'ai toujours mené.

Le Tam-Tam : Pouvons-nous revenir sur les raisons qui ont motivé un abandon de la procédure suivie, pour le dossier déchetterie, et sur le retard qu’il implique.
Michel Grégoire : Rappelons tout d’abord la difficulté qu’il y a à trouver sur notre canton un emplacement pour édifier cette déchetterie. Celui-ci doit se trouver forcément en aval de Buis-les-Baronnies, étant donné les contraintes de géographie physique sur les activités de circulation et de transport. Le site doit être plat, donc forcément en fond de vallée, et à proximité de Buis-les-Baronnies, pour la commodité de tous les habitants du canton. Dans le Plan Local d’Urbanisme du Buis (PLU), il n’existait pas de zone destinée à recevoir une déchetterie, parce qu’il y a dix ans et plus, ce type d’aménagement n’était pas à l’ordre du jour. C’est un problème qui se pose partout. Finalement, il a fallu pas moins de trois ou quatre ans de recherche pour trouver ce terrain, qu’a acquis la communauté de communes. Situé en zone non constructible, il était nécessaire d’apporter une modification au PLU. Une enquête d’utilité publique portant sur l’aménagement de la voirie devait permettre le classement de la parcelle en zone constructible : c’était la procédure conseillée par les services de l’Etat. Ce sont ces mêmes services qui nous ont conseillé de faire porter cette enquête publique par la communauté de communes. Il s’avère, plus d’un an après le lancement de la procédure, que c’était à la commune de porter l’enquête d’utilité publique. C’est ce que nous a annoncé Bernard Breyton, Sous-Préfet de Nyons, lors de sa visite à Buis-les-Baronnies le jeudi 26 septembre. La procédure doit donc être reprise à zéro, nous dit-on, alors que les échéances approchent. Les subventions ADEME, qui s’élèvent à 50%, seront perdues si le projet n’est pas engagé avant le 30 juin 2003. Sur ce dossier, et malgré le temps passé à trouver un site d’emplacement, nous avions de l’avance. Nous nous retrouvons maintenant dans l’urgence.


L'emplacement du futur Gymnase ne fait pas l'unanimité

Le Tam-Tam : Qu’en est-il de la solution préconisée par Bernard Breyton pour relancer la procédure ?
Michel Grégoire : L’Etat nous conseille maintenant de lier au dossier déchetterie celui de la station d’épuration de Buis-les-Baronnies. Les deux infrastructures seraient placées côte à côte sur le même site. Le terrain actuel étant dans ce cas trop étroit, une extension par le biais d’une expropriation serait nécessaire, permettant l’engagement d’une enquête d’utilité publique, cette fois portée par la commune, et aboutissant finalement à la modification du PLU souhaitée. Nous refusons cette solution. Nous ne pouvons pas nous engager dans cette voie. Il n’est pas possible de décider la construction d’une structure d’aménagement aussi importante qu’une station d’épuration sans prendre le temps de la réflexion. Le schéma d’assainissement, seule étude pour l’heure réalisée, ne précise ni le site d’implantation ni le mode de traitement du futur système d’assainissement. Cette réflexion appartient au conseil municipal de Buis-les-Baronnies.

Le Tam-Tam : Pourquoi décréter un état d’urgence sanitaire ?
Michel Grégoire : Dans le même temps, la communauté de communes reçoit des lettres recommandées des services de l’Etat, Ddass et Ddaf. Les services de l’eau nous mettent en demeure que soit respectée la qualité de l’eau de la rivière, la Ddass menace de fermer le site actuel et temporaire de gestion des déchets, sur la rive droite de l’Ouvèze, en raison de sa non-conformité aux normes réglementaires et environnementales. La décharge à végétaux, située sur la rive gauche de l’Ouvèze, était devenue un dépotoir sauvage, et offrait juste à côté de la rivière un vilain tableau. Il a fallu engager des équipes pour trier les déchets et les emporter. J’ajoute que l’accès au site est en cours d’être réglementé. Compte tenu de la gravité de la situation écologique, tant sanitaire que touchant à la rivière et à la qualité de son eau, j’ai demandé au préfet de mettre en œuvre une procédure d’urgence pour catastrophe écologique. La déchetterie doit être construite rapidement, sous peine que la situation ne se dégrade, avec menace de multiplication de décharges sauvages. J’attends maintenant la réponse du préfet.


Le permis de construire du futur Gymnase est finalement obtenu

Le Tam-Tam : Que répondez-vous à la possibilité de séparer déchetterie et quai de transfert ?
Michel Grégoire : La déchetterie serait aménagée en lieu et place de l’ancien site, le quai de transfert serait placé sur la voie d’évacuation des containers, à Mollans peut-être ? Je pense que nous devons respecter une démarche globale. Deux sites, ce serait multiplier les coûts, et doubler les astreintes de surveillance. Certaines contraintes techniques l’empêchent également. De plus, et définitivement, la Ddass nous a informé qu’elle exclue toute utilisation future du site, c’est-à-dire de la décharge actuelle, pour une activité de déchetterie et de traitement des déchets. Le site sera réhabilité.

Le Tam-Tam : Qu’en est-il du coût et du dimensionnement du projet ?
Michel Grégoire :La plate-forme a été conçue pour une population d’environ 15000 habitants. Bien-sûr, la démographie du canton ne dépasse pas les 6000 habitants, mais nous sommes dans l’obligation de respecter une contrainte : l’essor démographique en période touristique.
Il s’agit d’un projet cohérent, répondant à une exigence de qualité élevée. Sans développer, ce qui nous entraînerait trop loin, évoquons le quai de transfert couvert, le compactage des déchets, le nombre important de catégories triées (12)… Le coût de 3.5 millions de francs concerne l’ensemble de l’aménagement. Il a été fourni par le bureau d’études, et il ne sera pas dépassé.

Le Tam-Tam : Qu’en est-il de la possibilité de recycler sur place le maximum de déchets, sans qu’ils soient emportés ailleurs ?
Michel Grégoire : Les solutions existent pour les déchets verts et les déchets fermentissibles. Le projet prévoit que les premier soient traités par compostage. A priori, la revente aux particuliers paraît illusoire, le don sera donc pratiqué. Les déchets fermentissibles correspondent à la partie organique de la poubelle. Dès que le tri sélectif sera affiné, il sera possible de les traiter par compostage, solution écologique et économique intéressante. Pour tous les autres déchets, le recyclage sur place n’est pas envisageable. Prenons le cas des huiles de vidange, réutilisables sous forme de combustible : le volume collecté sur notre canton serait insuffisant.

Le Tam-Tam : Le danger d’inondation de la plate-forme ?
Michel Grégoire : Le site n’est pas classé en zone inondable au regard des documents en vigueur. En 1992, l’eau ne l’avait pas recouvert. Il se trouve également à une altitude plus élevée que celle de la zone d’activités de Buis-les-Baronnies.

Le Tam-Tam : En conclusion ?
Michel Grégoire : Il nous faut résoudre ces problèmes, qui concernent aussi bien la situation sanitaire sur le canton que la sauvegarde d’un cadre de vie de qualité. La déclaration d’état d’urgence sanitaire pour catastrophe écologique est motivée. Le fonctionnement de la plate-forme de gestion des déchets sera le garant d’une pratique écologique saine. Sa construction ne doit pas prendre de retard. Les dépôts sauvages seront éradiqués, le tri sélectif et le recyclage des déchets seront développés.

Propos recueillis par Alain BOSMANS et Bruno VILLAR
Photos d' Alain Bosmans
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