LORCA au village des amateurs de Théâtre

(Article du Dauphiné Libéré du 2 juillet 2002)

Lire aussi l'article "LORCA joué par des habitants"

Consulter le site du "Théâtre-Ecole" avec toutes les photos du Festival LORCA

En présentant le temps d'un festival de huit soirées un spectacle en hommage à Federico Garcia Lorca, les villageois comédiens amateurs du "Théâtre Ecole de la Lance et des Baronnies" ont fait vibrer de plaisir et d'émotion tous les amateurs de théâtre des environs.

 

Faire partager au plus grand nombre ce que l'on a cru devoir réserver à une élite, offrir à de simples habitants, commerçants, artisans, agriculteurs, étudiants ou enseignants la possibilité de monter sur les planches et de s'y métamorphoser, le temps d'un spectacle, pour incarner les personnages mythiques du théâtre universel, inscrire au répertoire des œuvres d'auteurs du patrimoine littéraire mondial et les présenter huit jours de suite en dehors de la période estivale aux habitants d'un village des Baronnies de moins de 2500 âmes, expliquer calmement que le "Théâtre-Ecole de la Lance et des Baronnies est comme un défi pour répondre aux tourments d'une société où l'inculture est souvent donnée comme vertu", Serge Pauthe à 63 ans n'a pas peur d'affirmer ses convictions. Le plus étonnant est que cela marche et que le militant passionné d'un théâtre populaire passionnant est en train de concrétiser au fin fond de la Drôme Provençale, à Buis les Baronnies, le rêve de toute une vie.


Buis les Baronnies, en cette fin juin 2002, le village tout entier est occupée de Théâtre. Dans les jardins du château de Rieuchaud aimablement mis à disposition par l'artiste écrivain Jean Luc Parant, le "Théâtre-Ecole" a érigé une scène de 100 m2 et aux frondaisons des arbres centenaires les projecteurs sont accrochés.

Chaque soir depuis huit jours une cinquantaine d'habitants de tous ages participent au spectacle en hommage à Federico Garcia Lorca auquel Serge Pauthe les a préparés depuis 10 mois. Au total pas moins de quatre pièces de Lorca y furent présentées devant près d'un millier de spectateurs.

Une farce "Le guignol au gourdin" fut jouée à deux reprises en matinée par un atelier d'enfants (dirigé par Sophie Michelin).

Une autre farce "Le jeu de Don Cristobal" fut présentée à sept reprises en "apéritif" aux spectacles de la soirée par un atelier de six comédiens dirigés par Laurent Lovie.

Enfin deux pièces, parmi les plus célèbres du poète dramaturge espagnol furent jouées en alternance sous la conduite de Serge Pauthe: La comédie "Dona Rosita" et la tragédie "Yerma". Cette dernière pièce ayant une double distribution pour les rôles principaux, cela n'est pas moins de 35 comédiens amateurs qui participaient sur scène à ce festival en hommage au poète flamboyant, visionnaire et fraternel créateur d'un théâtre qui se situe parmi les plus grands de notre temps.


Pendant huit jours, Buis les Baronnies fut livré aux amateurs de théâtre qui en eurent pour tous leurs goûts, tout leur saoul: Plaisir jubilatoire des farces et de leurs pantalonnades guignolesques, charme discret de la comédie de mœurs avec "Dona Rosita" servie par une brochette d'acteurs de moins en moins amateurs, un décor, des éclairages et des costumes d'un goût exquis.

Ou encore l'intense émotion qui saisit les spectateurs de la tragédie de "Yerma", l'histoire de cette femme qui oppose tragiquement les exigences primordiales de sa chair à la loi tyrannique des coutumes anachroniques, superbement interprétée par Stéphanie Solérieu et Sylvie Courtoux dans l'écrasant rôle titre.


Dans la continuité de ce festival, c'est maintenant tout le village qui se met à l'unisson de l'hommage à Lorca. Le comité culturel municipal présente une exposition autour de Federico Garcia Lorca et de la littérature espagnole du 9 au 21 juillet dans la salle de l'Auditoire ouverte tous les jours de 10h à 12h et de 16h30 à 18h30. L'association des Amis du Cinéma du Buis a programmé plusieurs films autour du même thème au cinéma"Le Regain" : "Yerma", film de Pilar Tavora le vendredi 5 et lundi 8 juillet, "Noces de sang" de Carlos Saura le vendredi 12 et le lundi 15 juillet, "Visionnaires" de Manuel Gutoriez Aragon le vendredi 19 et lundi 22 juillet, enfin "Talons aiguilles" de Pedro Almadovar le vendredi 26 et lundi 29 juillet.


A Buis les Baronnies, avec Serge Pauthe et son "Théâtre-Ecole" on se souvient que Lorca, le poète flamboyant disparu trop tôt fut en son temps l'initiateur d'un théâtre populaire dans les campagnes les plus reculées d'Espagne. Qu'il fonda avec de jeunes comédiens amateurs issus des universités ibériques une troupe de théâtre itinérante "La Barraca" et qu'il porta sur les tréteaux les plus modestes les œuvres les plus prestigieuses de la littérature théâtrale espagnole: Cervantes, Calderon, Lope de Vega… Soixante six ans après sa mort, un village des Baronnies et son théâtre d'habitants, comédiens amateurs et amateurs de comédies confondus, lui rendent le vibrant hommage de ceux qui simplement aiment le théâtre.

 

Mignonne, allons voir si la Rose...

(Article du Dauphiné Libéré du 2 juillet 2002)

Depuis Ronsard, les fleurs, et singulièrement les roses, ont souvent servi aux poètes de façon allégorique pour représenter la fraîcheur de la jeunesse, la fragilité des choses, le caractère éphémère de toute vie…

"Dona Rosita", la comédie de Federico Garcia Lorca que le Théâtre-Ecole de la Lance et des Baronnies" présente ces jours-ci dans les jardins du Château de Rieuchaud (1) est de cette veine. Ecrite en 1935, la pièce raconte l'histoire dans la romantique Grenade du 19ème siècle d'une jeune fille Dona Rosita, vivant entre un oncle botaniste, une tante mondaine et une nourrice pleine de bon sens. Son fiancé est parti pour l'Amérique. Pendant 25 ans, elle l'attendra, le sachant secrètement marié là-bas. Fanée comme les roses du jardin de son oncle, il ne lui reste que sa virginité et sa dignité.

Dona Rosita est à la fois une comédie de mœurs et un poème divisé en plusieurs jardins avec intermèdes de chants et de danses. La pièce donne forme et vie à l'atmosphère de Grenade, la mettant en scène à trois époques, en trois actes, comme trois portraits de femme-jardin. En présentant Dona Rosita à Buis les Baronnies, Serge Pauthe et le "Théâtre-Ecole" ont choisi cette année de faire revivre Federico Garcia Lorca, le poète flamboyant disparu trop tôt, visionnaire et fraternel créateur d'un théâtre qui se situe parmi les plus grands de notre temps.


Et le résultat est à la hauteur du défi ! Sous les frondaisons des arbres centenaires du château de Rieuchaud, le Théâtre Ecole a planté un vaste plateau sur lequel Christine Schnuben a dessiné avec légèreté un décor de tulles et de voiles avec plusieurs niveaux de profondeur permettant un jeu de lumières, d'ombre chinoises, de transparences, animés par les éclairages magiques de Patrick Métayer.

Dans ce décor vaporeux d'un goût exquis, les acteurs forts nombreux (ils sont 19 à monter sur scène), tous amateurs habitants Buis ou ses environs (ils sont commerçants, artisans, étudiants, enseignants, agriculteurs, …) font de nouveau merveille. De l'avis général, la troupe tout entière a fait cette année, avec de nouvelles recrues, d'important progrès. En particulier Laure Jospin donne vie à une très émouvante Rosita, Nicole Rahm dans le rôle de la tante fait merveille et Frédérique Rioux incarnant une nourrice plus vraie que nature confirme le talent découvert l'année passée dans "Le songe".

Mais il faudrait citer aussi les plus jeunes acteurs qui font preuve de talents bien prometteurs Marie Clément, Elsa Bontempelli et Jérôme Deboules et les autres comme Denise Tassin, Daniel Demars, Philippe Cavelier qui campent chacun de bien savoureux personnages…


Le public buxois est d'ailleurs au rendez-vous. Une centaine de spectateurs assistaient samedi dernier à la première réservant aux acteurs et à leur metteur en scène un accueil enthousiaste.

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Textes d' Alain Bosmans - Photos de Michel Flégon et Alain Bosmans

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