Cette représentation lancera ainsi la première édition du festival "Nyons en scène" qui, dans le cadre d'une vraie saison théâtrale d'hiver et de printemps, programme Molière, Brecht, Racine, Pirandello, Jouhandeau et accueillera jusqu'en juin 2005 quatre pièces des Tréteaux de France et deux du Théâtre-Ecole de la Lance et des Baronnies animé par Serge Pauthe. "Georges Dandin" est un conte populaire, une farce cruelle écrite par Molière au sommet de sa gloire, d'une main rapide et joyeuse qui conte l'histoire d'un riche paysan en butte à une double mésalliance. La pièce sera présentée à Nyons ce samedi à 21h, non plus sous chapiteau comme lors de la venue les deux années précédentes des Tréteaux de France, mais dans la salle de la Maison de Pays inaugurant une nouvelle formule itinérante "le Tréteaumobile". Marcel Maréchal qui y interprète le rôle titre et signe la mise en scène a accepté de répondre à nos questions.

(Photo Laurencine Lot)

Le DL: Ce retour à Molière, que vous avez beaucoup fréquenté durant votre carrière, signifie quoi pour Marcel Maréchal et les Tréteaux de France ?
Marcel Maréchal: Il est vrai que pendant une dizaine d'années, j'ai commencé à ne jouer pratiquement que des auteurs contemporains. Mais il arrive un moment dans la vie d'un comédien français où il faut revenir aux sources. Et Molière c'est la source ! C'est là que se situe la genèse du Théâtre français et européen. C'est ainsi que j'ai eu longtemps un parcours soutenu avec Molière. J'ai joué ou mis en scène successivement Don juan, le Malade, l'école des femmes, Tartuffe et aujourd'hui j'en arrive à Dandin. Tout simplement parce que c'est un texte qui me trotte dans la tête depuis longtemps que j'aime beaucoup. C'est une pièce qui a une jeunesse d'écriture extraordinaire et qui fait désormais parti de mon parcours Moliéresque. Il fallait qu'un jour cela passe par Dandin. D'autre part pour les Tréteaux de France qui ont une vocation à initier le plus grand nombre de spectateurs au théâtre en général, Molière est un choix de programmation incontournable.

Le DL: Vous avez décidé de transposer "Dandin" à la plage et dans les années 30 du siècle dernier. Pourquoi ?
Marcel Maréchal: Georges Dandin est une pièce que j'aime beaucoup, que j'ai vu jouer je ne sais combien de fois et j'ai toujours regretté qu'elle soit souvent enfermé dans une certaine archéologie rurale, figée dans une époque. Dandin n'est pas un vieux texte desséché dans les pages d'un livre scolaire, c'est pour moi la pièce d'un auteur qui parle aujourd'hui de nous. J'ai voulu débarrasser la pièce de sa scénographie agricole traditionnelle. La dernière réplique de la pièce m'a inspiré: "lorsqu'on a comme moi épousé une méchante femme, le meilleur parti que l'on puisse prendre est de s'aller jeter dans l'eau la tête la première". A partir de là j'ai imaginé que Dandin, ce bourgeois paysan avait amené toute sa famille en villégiature dans une station balnéaire à la mode dans les années 30. On ne peux par rajeunir un texte qui n'a pas pris une ride, mais on peut le rapprocher de nous et cette scénographie minimaliste que j'ai adopté avec une plage et la mer permet ce rapprochement sans pour autant en déranger le sens profond.

Marcel Maréchal dans le rôle de Georges Dandin (Photo Laurencine Lot)

Le DL: Vous revenez à Nyons pour la troisième année consécutive. C'est que vous vous y plaisez ?
Marcel Maréchal: Bien sûr ! De toute façon, je suis rhodanien. Je suis à la fois Lyonnais d'origine et j'ai vécu longtemps à Marseille, j'ai une maison en Provence et je me sens presque chez moi en Drôme Provençale. C'est une région que j'aime beaucoup, et Nyons particulièrement. Il y a beaucoup de gens qui me connaissent, il y a toute une génération de gens qui ont connu mon travail à Lyon au Théâtre du 8ème et ceux qui se rappellent de mon travail lorsque j'étais directeur du Théâtre de La Crièe à Marseille. A Nyons, je me sens un peu chez moi. Et c'est ainsi que nous avons des projets de coopération un peu plus poussés avec la Mairie dont nous reparlerons samedi.

"Georges Dandin" de Molière – représentation samedi 16 octobre à 21h – Maison de Pays – Réservations mairie de Nyons – 04 75 26 50 24 – 16 € plein tarif – 13 € groupe de 10 et plus – 10 € moins de 18 ans.

Texte et Photos d' Alain Bosmans - Le TAM-TAM DES BARONNIES
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