Un colloque à VINSOBRES

La cave se rebiffe

Article du Dauphiné Libéré du 27 novembre 2004

Article de l'Agriculture Drômoise du 2 décembre 2004

 

Lassés d'être étrillés par une campagne de dénigrement anti-alcoolique systématiquement mensongère à l'égard du vin, les Vignerons de Vinsobres réunissent d'éminents spécialistes et affirment haut et fort que "Le vin est bon pour la santé".

 

Avec le nom de leur commune comme emblème, les Vignerons de Vinsobres étaient sans doute les mieux placés pour organiser un colloque autour du thème "Peut-on dire que le vin est bon pour la Santé ?". C'est que les viticulteurs de France se sentent aujourd'hui assaillis, humiliées, injustement culpabilisées et qu'ils en ont assez d'être de plus en plus souvent regardés comme des dealers de drogue ou des complices des assassins de la route.


L'assistance durant le colloque

A l'heure où la filière est confrontée à des difficultés croissantes, à une augmentation de la production, à une baisse de la consommation nationale et à une vive concurrence internationale, la viticulture française doit aujourd'hui faire face à une invraisemblable campagne médiatique anti-vin. C'est pour en dénoncer l'ignorance et l'hypocrisie, pour permettre aux vignerons de la région de savoir ce qui est vrai ou faux en matière de vin et de santé que des spécialistes parmi les plus éminents chercheurs français et des responsables de la filière viticole nationale étaient accueillis mercredi dernier à Vinsobres par le président du comité des Vignerons Jean Louis Piallat.


Le président du comité des Vignerons de Vinsobres Jean Louis Piallat

Pendant prés de trois heures, le colloque animé par Pascal Bouchet professeur de Sommellerie à Tain l'Hermitage permit aux scientifiques d'émettre un message clair et sans ambiguïté. Successivement le professeur De Leiris de la faculté de médecine de Grenoble, le professeur Pierre-Louis Teissedre maître de conférence à la faculté de Pharmacie de Montpellier et le docteur José Constanzo médecin généraliste en milieu rural le confirmèrent études à l'appui: "Le fameux "French Paradox" existe bel et bien. Il n'y a aucune raison de faire de l'ostracisme envers un produit qui, lorsqu'il est consommé régulièrement avec modération, peut jouer un rôle de nutrition préventive." Et le professeur Pierre-Louis Teissedre d'enfoncer le clou en concluant: "Les composés phénoliques du raisin et du vin possèdent indéniablement des propriétés thérapeutiques, en particulier pour certaines pathologies chroniques comme l'artériosclérose, le diabète, l'hypertension et certains cancers".


A la tribune de gauche à droite: le professeur Pierre-Louis Teissedre,
Christian Paly, Pierre Leclerc, René Renou et Pascal Bouchet.

La filière était représentée par Michel Bernard président de l'AFIVIN et d'InterRhône, Christian Paly président de la CNAOC et du Syndicat Général des Côtes du Rhône, René Renou Président du Comité Vins de l'INAO, Pierre Leclerc animateur du COREVI (Comité Régional de la Viticulture) et Patrick Galant œnologue, directeur de L'université du Vin de Suze la Rousse. Tous devaient souligner la capacité de nuisance des organisations anti-alcooliques, leurs moyens, leur pénétration du monde médiatique et leur appui au ministère de la Santé.

Pierre Leclerc notamment dénonçait le caractère souvent exagéré, voir mensonger des chiffres et des faits avancés dans cette campagne. "Il est scandaleux de faire l'amalgame entre un modèle méditerranéen de consommation régulière et modéré de vin qui ne nuit nullement à la santé (au contraire) et la consommation nordique d'alcools forts de façon occasionnelle et excessive qui est à l'origine de la majorité des accidents de la route en France". Christian Joly insistait sur la nécessité pour les interprofessions viticoles d'adopter une stratégie de communication qui, malgré la loi Evin et dans son cadre, soit à la hauteur du défi à relever. L'essentiel du message doit porter sur la culture du vin, son mode de consommation modérée. "C'est l'excès et non le produit qui fait le poison. Une prévention intelligente des comportements à risques (dont l'alcoolisme) ne doit passer ni par la prohibition ni par une stigmatisation des produits alcoolisés (dont le vin) mais plutôt par une vrai politique de pédagogie et d'information sur le comportements des consommateurs à laquelle nous sommes prêts à participer..."


A l'issue de leur Assemblée générale, les vignerons de Vinsobres
ont tenu à rendre hommage au journaliste Michel Jouve

René Renou en conclusion parlait d'une "stratégie de guerre qu'il fallait désormais adopté: Nous sommes aujourd'hui confrontés à de telles moyens, à une telle mauvaise foi, à une vision des choses tellement irrationnelle, intégriste et ayatollesque de la part du lobby anti-alcoolique qui semble s'être fixé pour objectif d'éradiquer la production viticole française, que la profession se doit aujourd'hui de réagir en affirmant avec sérénité et sans complexe un seul message fort et clair: La consommation modérée et régulière de vin est bonne pour la santé de l'individu et de la société !".

Ils ont dit:

Pierre Louis Teissedre, maître de conférence à la faculté de Pharmacie de Montpellier:

"De nombreuses enquêtes d'épidémiologie réalisées au cours des 35 dernières années dans les pays industrialisés ont confirmé que les populations consommatrices de vin présentaient des taux bas de mortalité pour les maladies cardiovasculaires. En particulier une activité protectrice est largement décrite et certaines études suggèrent que le vin pourrait diminuer de 40 % les risques d'infarctus du Myocarde, ainsi que les risques de Thrombose vasculaire cérébrales de 25 %... L'hypothèse avancée pour expliquer de paradoxe a été attribuée en partie à une consommation régulière et modérée de vin… Les composés phénoliques antioxydants contenus dans les vins pourraient jouer un rôle de prévention des cancers et maladies dégénératives par l'intermédiaire de plusieurs mécanismes. Plus récemment il vient d'être démontré que le resvératrol permet d'activer un gène dit "de longévité" sur un organisme vivant comme la levure et d'augmenter son espérance de vie de près de 80 %... Concernant l'hypertension artérielle une récente étude sur les animaux atteste que la consommation de vin réduit la pression systolique…"

Joël de Leiris, professeur à la faculté de médecine de Grenoble:

"L'étude récente, que nous avons mené auprès de 437 patients suivis pendant 4 ans après avoir été victime et avoir survécu à un premier infarctus du Myocarde, démontre qu'une consommation modérée et régulière de vin est associée à une réduction significative du risque de complications cardio-vasculaires ultérieures…"

Docteur José Constanzo, médecin généraliste à Vinsobres depuis 27 ans

"D'une façon générale, cette population de viticulteurs et de vignerons est paradoxalement sobre dans la consommation de vin … Actuellement la responsabilité du vin dans l'alcoolisme s'est réduite au profit de la bière, des alcool forts ou des apéritif associés à d'autres habitudes toxicomaniaques… L'alcoolisme est un phénomène toxicologique qui dépasse largement la seule consommation de vin…"

Patrick Galant, œnologue, directeur de L'université du Vin de Suze la Rousse:

"A la consommation de vin correspond de plus en plus l'affirmation de goûts personnels et la recherche d'émotions individuelles tels que le partage et l'échange avec l'autre, l'équilibre nutritionnel et la recherche de plaisir… Le hobby viticole qui cherche encore à faire assimiler le vin comme aliment est une maladresse. Voila longtemps que le vin en France n'est plus un aliment, mais un produit de plaisir…"

Michel Bernard, président de l'AFIVIN et d'InterRhône:

"Les producteurs d'alcools forts, ont depuis 20 ans et malgré la loi Evin augmenté leur production et leurs ventes en France… Les budgets respectifs de communication de la bière et du whisky sont nettement supérieurs à ceux mis en place pour le vin …Je reste persuadé que, malgré la loi Evin, il reste la place à une communication positive et efficace assurant une meilleure promotion du vin. Notamment liée aux vertus du vin sur la santé…"

Christian Paly président de la CNAOC et du Syndicat Général des Côtes du Rhône:

"Ce sont dans les régions viticoles qu'il y a le moins d'alcoolisme et de dépendance. La culture du vin (dans les deux sens du terme culture) implique la modération… La stigmatisation d'un produit est une erreur politique et stratégique. C'est le comportement qu'il faut stigmatiser non le produit… Pourquoi ne pas mettre en place un "Conseil National de la Modération" qui regrouperaient tous les acteurs concernés par ce problème: La santé, la sécurité routière, la prévention de la toxicomanie et la viticulture..???"

René Renou Président du Comité Vins de l'INAO:

Je voudrais savoir quelle est la part exacte du vin dans les violences routières. Que je sache, on ne sert pas beaucoup de Château Neuf du Pape, ni de Vinsobres, à trois heures du matin dans les boites de nuit de Valence…

Pierre Leclerc animateur du COREVI (Comité Régional de la Viticulture):

"En 1990 les français étaient en première position européenne pour la consommation d'alcool. Aujourd'hui ils sont en 7ème position. La réputation alcoolique du français est désormais un mythe qu'il faut dénoncer. De même il faut dénoncer les chiffres délirants de 5 Millions de français qui auraient un problème avec l'alcool… Je suis prêt à donner une prime à celui qui pourrait justifier de tels chiffres et de telles contre vérités qui sont pourtant aujourd'hui diffusées à longueur de pages et d'heures d'antenne sur tous les médias…"

Texte et Photos d' Alain Bosmans - Le TAM-TAM DES BARONNIES
www.tamtamdesbaronnies.com
Vous avez le droit de reproduire librement le texte et ou les photos ci-dessus à condition uniquement de citer clairement le nom de son auteur et celui du site d'où ils proviennent: www.tamtamdesbaronnies.com