L'appel du 18 juillet 2006

Un scaphandrier en colère au coeur des Baronnies

Article du Dauphiné Libéré du 19 août 2006

Pari tenu ! Devant une nuée de caméras, micros et de photographes, Jean Pierre Buix (le seul maire en France à porter le même nom patronymique que sa commune Buis les Baronnies) a défilé hier matin dans les rues de son village en costume de scaphandrier avant de chanter, casque de 20 kg sur la tête, accompagné par un quintet de joyeux musiciens du festival "Parfum de Jazz", une chanson brûlot à l'adresse de Monsieur le Préfet de la Drôme.

La video ( fomat windows média player)

La chanson (format mp3)

Par cette nouvelle provocation Jean Pierre Buix souhaite , une fois de plus, alerter l'opinion publique et les médias sur le sort de son village, victime, selon lui, " de l'incurie des pouvoirs publics en matière de "Plan de Prévention des Risques Inondation" (PPRI)" . En vertu en effet de l'application d'un nouveau plan établit, toujours selon lui, sans concertation et dans la plus grande incohérence , le village est "en train de crever" puisque désormais la grande majorité de son territoire est en zone inconstructible.

Ce nouveau coup d'éclat du Maire du Buis est le dernier épisode d'un long bras de fer qui l'oppose depuis 5 ans aux services de la MISE (Mission Inter-Service de l'Eau). Le dernier en date s'était produit voila tout juste un mois lorsque, le 18 juillet dernier, Jean Pierre Buix avait lancé, en grande pompe depuis sa bonne Mairie, un appel très gaullien à la "Résistance Péppéérique".

Hier matin, avant d'interpréter la fameuse complainte, sur la place des Arcades devant un public nombreux de buxois hilares et d'estivants médusés, Jean Pierre Buix expliquait avec faconde et vigueur les raisons de son geste. Soulignant les méfaits de ces nouvelles mesures d'urbanisme qu'on lui impose, en détaillant les aberrations et les resituant dans un contexte économique particulièrement difficile actuellement dans les Baronnies, le maire se disait prêt à rencontrer dés que possible le Préfet de la Drôme afin de trouver une issu honorable à cette crise. Tout en se disant prêt également, si nécessaire, à organiser le mois prochain un concours de canoë-kayak dans les rues du village …


Le Maire, en colère et en scaphandrier, erre dans les rues de Buis à la recherche de baleines…

Trois questions à Jean Pierre Buix

Question: Vous en appelez au préfet de la Drôme. Que souhaitez vous obtenir de lui qui permettrait aujourd'hui de débloquer la situation ?

JPB : Qu'il nous écoute et prenne en compte nos remarques. On attend de lui qu'il trouve un juste équilibre entre le principe de sécurité que nous revendiquons et l'intérêt économique du village. Je rappelle que nous avons un Plan de Prévention des Risques d'Inondation (PPRI) qui nous a été imposé en 2001 par le Préfet de l'époque, qui a force de loi et que donc nous appliquons.

Question: Pensez vous que c'est en utilisant de tels moyens que vous obtiendrez satisfaction ?

JPB : C'est lamentable ! Nous n'avons plus eu des nouvelles de la MISE pendant un an et deux mois, et nous découvrons à la sauvette un projet de nouveau PPRI. La MISE nous avait promis des choses, notamment au niveau du centre ancien et d'un permis rue de la Conche. Elle nous avait promis d'examiner au cas par cas toutes les situations. Elle nous a floués et a tout refusé en bloc. Comment discuter avec des personnes qui refusent toute concertation et qui détiennent la vérité ? Il fallait donc provoquer un électrochoc puisque tout était bloqué. Je rappelle que les tribunaux ont toujours soutenu que le maire défendait la loi et que, dans cette affaire, l'Etat était hors la loi.

Question: Qu'est ce que vous avez à répondre aux experts de la MISE qui prétendent que les mesures qu'ils préconisent permettront d'éviter de nouveaux drames comme ceux du 22 septembre 1992 où l'Ouvèze a provoqué la mort de 32 personnes dont une au Buis ?

JPB : La MISE jusqu'à présent nous a traités avec un mépris immense. Nous n'étions pas des techniciens, nous étions donc des bons à rien. C'est la MISE qui nous a concocté le PPRI en 2001 qui rendait, avec des contraintes certes, le Buis en grande partie constructible. C'est la même MISE qui a prétendu le contraire deux ans plus tard. Où est la vérité ? Si la MISE a des preuves qu'elle les fournisse. Les tribunaux ont estimé qu'elles n'étaient pas suffisantes et que les précautions prises par le Maire (surélévation de 1m30 du rez-de-chaussée sur certaines zones) correspondaient à la réalité du terrain. J'ajouterai que depuis la construction de la digue, il y a 150 ans, rien de sérieux en matière d'inondation ne s'est vraiment déroulé au Buis. Si ce n'est la mort du facteur en 1992, de façon particulière alors qu'il était en voiture à 3 km en aval du Buis, phénomène terrible mais isolé et qui n'est pas lié à la constructibilité.

Propos recueillis par Alain Bosmans

L'appel du 18 juillet du Maire
de Buis les Baronnies

Article du Dauphiné Libéré du 19 juillet 2006
Lire aussi l'article de France Soir du 24 juillet 2006

Entrant en rébellion ouverte avec les services de l'état, le maire de Buis les Baronnies Jean Pierre Buix a lancé le 18 juin 2006, à l'ombre des jardins de sa bonne mairie, un appel solennel et gaullien pour refuser la mise en place d'un nouveau PPRI (Plan de Prévention des Risques Inondations) qui, selon lui, mènera son village à la ruine.


Un appel à la résistance dans le plus pur style gaullien

Il l'avait promis, il l'a fait. Devant caméras de télévision, micros et presse régionale réunis, faisant face à un auditoire de conseillers municipaux, adjoints et simples administrés, le maire de Buis les Baronnies Jean Pierre Buix a lancé le 18 juin 2006, à l'ombre des jardins de sa bonne mairie, un appel solennel et gaullien.


devant les caméras de FR3 et micros de Radio France

Dans une mise en scène soignée, en parfait comédien, parodiant la voix chevrotante du général de Gaulle, ceinturé d'une écharpe tricolore et devant un buste de Marianne encadré de deux drapeaux français, avec l'hymne national en point d'orgue, le maire a lu un appel à la "Résistance Pépéerique" (de PPRI – Plan de Prévention des Risques Inondation). Par cette action, il souhaite sensibiliser les pouvoirs publics sur le sort de son village qui, de par l'application de ce nouveau plan établit sans concertation, est "en train de crever" puisque désormais la grande majorité du village est en zone inconstructible.

Entrant en rébellion ouverte avec les services de l'état, le maire du Buis demande désormais "à tous les propriétaires de terrains qui étaient constructibles jusqu'à ce jour, je leur demande de venir déposer un permis de construire que je leur accorderai, et ainsi Buis les Baronnies pourra continuer à vivre…"

Ce nouveau coup d'éclat du Maire du Buis est le dernier épisode d'un long bras de fer qui l'oppose depuis 5 ans aux services de la Mise (Mission Inter-Service de l'Eau). Pratiquement, ce que demande aujourd'hui Jean Pierre Buix au préfet de la Drôme , c'est d'être écouté. Que le contact soit renoué avec la Mise dans un esprit constructif. Qu'une table ronde permette à chacun d'exprimer son point de vue afin d'éviter la mort économique et humaine qu'il redoute désormais pour son village.

Eric Fraipont: "La valeur de mon terrain a été divisée par 10…"

Parmi les victimes de la mise en place de ce nouveau PPRI qui met tout le Buis en rouge, il y a le propriétaire de la Maison d'Hôtes de l'Ancienne Cure, Eric Fraipont. "En 2003, il a acheté un terrain de 740 m2 en plein cœur du Buis derrière l'ancien l'hôtel du Luxembourg à 2 pas de la caserne des pompiers. Ce terrain possédait alors un certificat d'urbanisme positif qui lui a été remis par le notaire. Aujourd'hui, si l'on se réfère au nouveau plan d'information des acquéreurs et locataires de biens immobiliers issu du décret du 15 février 2005, il est en zone rouge et devient totalement inconstructible… Sa valeur a été divisée par 10, ou plus … "Le Maire a raison. C'est totalement absurde et inacceptable. Son appel est courageux et nécessaire. Il n'y a pas chose à faire si l'on veut se faire entendre. Dés demain je vais déposer un permis de construire en Mairie qui sera accepté par le maire et même s'il est refusé ensuite par la DDE , j'entamerai aussitôt les travaux de construction. On verra bien ce qui se passera …"

Le texte de l'appel du 18 juillet 2006

Buxois, Buxoises, depuis l'ombre des jardins de la mairie de Buis les Baronnies, je lance l'appel du 18 juillet 2006. Je lance l'appel à la Résistance Pépéerique. Depuis janvier 2001, nous avons un Plan de Prévention des Risques contraignant. Or sans raison aucune, un nouveau Plan est appliqué. La grande majorité du village est maintenant en zone inconstructible.

C'est la mort économique et humaine du village. Ce règlement pernicieux nous a frappé de plein fouet et nous le combattons jusqu'à ce que les ouvreurs de parapluie les responsables de la Mission Inter-Service de l'Eau le retire et acceptent de discuter.

Pour ce faire, je demande à tous les propriétaires de terrains qui étaient constructibles jusqu'à ce jour, je leur demande de venir déposer un permis de construire que je leur accorderai, et ainsi Buis les Baronnies pourra continuer à vivre. Le Buis est en danger, nous refusons la fatalité, et s'il le faut d'autres actions seront organisées.

Vive le Buis, vive les Buxois, vive la Franc
e

Chronologie du bras de fer qui oppose depuis 5 ans
le Maire de Buis les Baronnies aux services de l'Etat

- Début janvier 2001, l 'Etat impose à la commune de Buis les Baronnies, un Plan de Prévention des Risques Naturels sans que la concertation ne soit terminée.

- Très vite, le Maire du Buis se rend compte que d'autres règles sont appliquées. Il écrit au Préfet en novembre 2004, pour lui demander des explications. En guise de réponse il reçoit l'injonction de refuser deux permis de construire qui, depuis lors, furent accordés, l'Etat étant revenu sur sa décision.


Le maire entouré de ses deux adjoints Marc Perrossier et Gérard Jean

- Etant incapable d'apporter des explications et réponses claires à la population et voulant rester dans le cadre de la légalité en respectant le PPR, Le Maire de Buis décide le 1 er décembre 2004 de faire la grève des documents d'urbanisme.

- Au bout d'un mois, le Sous-préfet de Nyons Bernard Breyton, s'inquiète de cet état de fait, et propose une table ronde avec les services de la MISE. Table ronde qui se tient en mars 2005. Des contres propositions sont établies par oral puis par écrit. En cette occasion le Sous-préfet de Nyons Bernard Breyton indique son accord sur différents points et la MISE demande à la Mairie de délimiter "un centre ancien" qui échapperait à la nouvelle réglementation.

- Dans sa réponse écrite, la MISE rejette toute modification. Le Maire décide de ne poursuivre la collaboration avec cet organisme qu'en présence de son avocat. Depuis un an et demi aucun contact entre la commune et la Mise n'a pu être établi.

- Le Préfet assigne devant les tribunaux la commune puisque celle-ci décide d'attribuer des permis de construire en fonction du PPRI promulgué en 2001. La commune gagne deux fois en référé et deux fois en appel de jugement de référé. Cela coûte cher à la commune, 45 000€ et le Maire écris une lettre en juillet 2005 au Préfet pour lui demander une subvention exceptionnelle de 50 000 Euros afin de couvrir ces frais. Aucune réponse.


Première réunion au Buis en janvier 2006 de l'association des maires des communes
des bassins versants de l'Eygues et de l'Ouvèze

Création en janvier 2006 d'une association de maires des communes des bassins versants de l'Eygues et de l'Ouvèze afin attirer l'attention des pouvoirs publics sur cette question .

- Le Maire reçoit courant mai 2006 une nouvelle mouture du nouveau Plan de Prévention des Risques Inondation dans laquelle tout le village du Buis est en rouge.

- 18 juillet 2006, Le Maire de Buis les Baronnies lance devant les médias régionaux un appel solennel et gaullien.

- 18 août 2006: Le maire défile dans les rues du village en costume de scaphandrier entonnant une chanson brûlot à l'adresse du préfet de la Drôme.


Jean Pierre Buix le 18 août 2006
Texte et Photos d' Alain Bosmans - Vous avez le droit de reproduire librement le texte et ou les photos ci-dessus à condition uniquement de citer clairement le nom de son auteur et celui du site d'où ils proviennent.